Toodè
n° 248
Toodè n° 249
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octobre 2021
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Stéphane Raux
Questions de sens...
E.T. l’extra-terrestre, répétait:
« mai-son »...
Moi, le
terrien, je ressasse « ge-nou »...
Comme beaucoup d’entre
vous sans doute, on peut se demander pourquoi tel accident particulier
dans notre vie est intervenu ? Personnellement, le genou m’est
révélateur pour un invétéré marcheur-skieur, car synonyme de ce temps
qui passe, de cet âge qui avance et qui nous apporte ‘en outre’ d’autres
mauvaises surprises sanitaires.
Et je n’ai
jamais trouvé de réponse
valable à cette question métaphysique: Pourquoi cet événement dans ma
vie ? Quel sens ? Quel message ? Sinon que nous sommes fragiles, de
passage en cette terre, appelés à l’humilité...
Je pense
donc toujours à mon genou... 28 mois après la rupture accidentelle du
tendon quadricipital droit, je vis encore avec des sensations bizarres
proches de la douleur, surtout par temps humide, des constats de
‘boitements’ qui n’auraient plus de raison d’être, même si je n’ai pas
récupéré la totalité de la flexion antérieure...
Mais je ne
viens pas vous parler de ma santé. En fait je profite de cette réalité
personnelle pour faire un mauvais jeu de mot susceptible d’élever le
débat...
Et c’est
notre pape François, grand défenseur de notre ‘maison commune’, qui m’a
suggéré cette entrée en matière... Il nous dit qu’il faut passer
du ‘Je’ au ‘Nous’ !
C’est à
l’occasion de la 107ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, ce 26
septembre dernier, qui nous a peut-être échappée. Et il parle déjà de ce
sujet dans Fratelli Tutti.
En fait,
c’est une invitation qu’il nous adresse, celle de considérer à la fois
chacun et chacune d’entre nous non pas comme des individus qui doivent
se résigner à vivre ensemble, mais comme des frères/soeurs, appelés à
construire un monde d’amour entre nous !
Une
interpellation qui est peut-être
difficile
à entendre ici, dans notre société où
l’individu,
voire l’individualisme
et même l’égoïsme
semblent prendre le pas sur le reste. Alors qu’en
Afrique par exemple dans la société traditionnelle, c’est
le peuple, le
‘nous’
qui est primordial !
N’est-ce
pas à voir comme une ouverture aujourd’hui au moins en Occident ? On
peut aussi relire dans cette perspective les critiques, manifestations
et autres de ceux et celles qui se positionnent contre des contraintes
sanitaires a priori évidentes et nécessaires pour le bien de tous, -même
si nos responsables nationaux savent ouvrir le parapluie, mais cela n’est-il
pas aussi l’attitude de chacun dans notre société-
?
Où en
sommes-nous vraiment, entre Je et Nous ?...
Et pourquoi
?
Encore une
fois, je n’attends pas de réponse à ma question du préambule. C’est à
moi de faire le chemin spirituel pour m’apaiser.
Mais il se
trouve que j’ai été aussi confronté ces derniers jours dans le cadre de
mes responsabilités à une question concrète, dans le milieu dirigeant.
C’était: ’Comment fidéliser les employés’ ? La discussion s’est bien
appesantie sur les difficultés locales (notamment la proximité de la
Suisse et ses facilités indécentes par rapport à la société française),
les modalités possibles, la motivation, les moyens ‘intéressés’
(pécuniaires, intéressement, ...), les moyens humains (formation, etc),
les questions de sens (projet social, utilité publique,
‘mission’...).
Mais
personne n’a évoqué le ‘pourquoi’. Comme si, d’une part, la fidélité des
employés devait être recherchée, alors qu’elle pourrait être évidente.
Simplement parce que l’employé est une personne, qui peut être reconnue
comme telle, qui peut être heureuse dans son travail, lequel est
‘valorisé à sa juste valeur’, qui a de bonnes relations avec son patron
et ses collègues, qui a des perspectives de carrière, d’avancement et de
développement personnel sur place qui ne l’obligent pas à regarder
ailleurs, qui a besoin aussi de stabilité et de reconnaissance de sa vie
familiale, que sa société a une vocation ou une utilité sociale évidente
et reconnue, etc... Sans aller jusqu’à parler, comme l’a fait il y a
quelques jours à l’occasion du 7ème BIG (Bpifrance
Inno Generation) Agnès Pannier-Runacher,
la ministre en charge, de « l’industrie (comme) l’un des rares endroits
où on trouve encore de la magie »...!
Et comme si, d’autre
part, ce même employé n’avait pas une liberté fondamentale, celle de
construire sa vie professionnelle et humaine en-dehors de l’entreprise
où il est actuellement, même si cela complique la tâche du dirigeant...
Comment,
pourquoi ?
Comment aurais-je réagi
si j’avais eu alors connaissance des réalités abominables récemment
révélées dans l’Eglise par le rapport de la CIASE depuis les années
1950, quand que je me préparais à répondre à un appel de Dieu ?
Aujourd’hui, pour
chacun de nous, où faut-il mettre nos priorités ?
Notre futur
personnel immédiat ou l’avenir d’une société fraternelle ?
Améliorer
l’ordinaire ou donner un sens à ma vie ?
Casser des pierres
ou construire une cathédrale ? ...
Et puis, -peut-être
les croyants s’y retrouveront-ils- quelle relation ai-je avec Dieu ...?
Un Dieu punitif ‘contre’ ma/notre faiblesse humaine, ou un Dieu d’amour
qui me/nous comprend ‘dans’ cette faiblesse ? qui nous invite à son
amour, à en vivre et à en témoigner ? et qui nous donne son Esprit au
jour le jour...
En 2022,
nous fêterons les 400 ans de la mort de Saint François-de-Sales.
Celui qui disait:
« Soyons ce que nous sommes et soyons-le bien,
pour faire honneur au Maitre Ouvrier dont nous sommes
l'ouvrage »...