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mois: la chronique "toodè" ... |
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Toodè N°
263 et 264
«Un monde à réenchanter
Stéphane Raux
Année 2023 Voir aussi le Toodè du 15 juillet 2012
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Toodè n° 263
◊◊◊◊◊◊◊◊ Stéphane Raux
Un monde à réenchanter... Pour les chrétiens, Pâques est une victoire de la vie sur la mort, le signe d’une espérance capable de réenchanter le monde. Un monde dans lequel nous vivons mais qui ne sait plus où il va, ni pour quoi il se bat, vu qu’il n’a plus d’horizon ou de repères, où le collectif se manifeste - c’est le cas de le dire- pour (sauve)garder des revendications en fait souvent très égoïstes. En effet, l’actualité n’est pas avare d’exemples: Les retraites ? Question à deux balles: « Quitte à être de toutes façons pris en charge financièrement, préférez-vous travailler ou profiter de loisirs ? ». La problématique ne se résume-t-elle pas à cela pour beaucoup ? Elle explique peut-être les résultats des sondages qu’on nous présente ces temps-ci ? Bien rares, voire inexistants ont été les débats publics sur ce que représente le travail dans la vie d’un humain, sur la dignité qu’il procure, sur son utilité sociale. Alors en plus, l’envisager de le concevoir dans sa vision spirituelle de co-création... Les grèves ? La France, championne des grèves: certainement, le monde entier nous le reconnait. Pour ceci ou pour cela, pour une cause commune juste ou pour un avantage catégoriel très limité mais qui bloque quand même le pays... En France, on est habitué, on justifie parfois automatiquement, peut-être de peur de ne plus être considéré comme un bon français ? Pourtant bénéficier du droit de grève ne devrait pas empêcher d’autres de bénéficier de leur liberté de travailler... La ressource en eau ? Sans doute la raison principale des conflits majeurs à venir... ‘L’eau c’est la vie’, j’ai eu l’occasion de l’expérimenter dans mes périodes au désert, et maintenant, sécheresses récurrentes aidant, la question surgit y compris dans nos montagnes pourtant généreuses en torrents, cascades et lacs divers, et elle doit être traitée dans le souci du bien commun. Donc, quelle agriculture pour demain ? Mais des projets inappropriés tels que les « méga[1]bassines » ne justifient en rien le déferlement de violences que l’on a vu dans les Deux-Sèvres... Le climat ? C’est notre mode de consommation occidental qui est en cause. Il nous faudrait « 1,75 Terre pour regénérer ce que l'humanité consomme ». Mon expérience africaine m’a appris qu’on peut très bien se satisfaire d’un mode de vie plus économe en tout. Aujourd’hui, s’interroge-ton sur ce que nos nouveaux usages ‘virtuels’ ou ‘numériques’ génèrent comme consommation d’énergie ? On s’inquiète de « l’avenir de la planète », mais elle deviendra toujours quelque chose. C’est de l’avenir de l’être humain dans toutes ses dimensions qu’il faut se soucier... Le grand remplacement ? Des politiques l’invoque pour justifier un repli sur soi. Mais quelle est notre société française sinon le produit d’un continuel melting-pot de migrants venant de divers lieux du globe depuis des siècles et des siècles ? L’INSEE présente une étude démographique sur plusieurs générations selon laquelle un tiers de la population française est issu de l’immigration... Au Bénin, une cinquantaine de langues sont parlées, montrant qu’autant d’ethnies peuvent cohabiter dans ce petit pays pourtant pauvre. Le vivre ensemble, dans le respect mutuel, n’est-il pas plus important que tout, puisque nous avons en commun d’être d’une façon ou d’une autre des itinérants... ? Le devenir de l’Eglise ? Se dire chrétien aujourd’hui est un sacré défi ! A devoir gérer les tempêtes internes, les défis religieux et sociétaux d’aujourd’hui, cela pourrait décourager plus d’un(e). C’est l’occasion pour les catholiques les plus tièdes de ‘quitter le navire’. Pour moi, c’est un motif d’espérance: appel à une conversion personnelle encore plus ferme, retour sur les fondamentaux de la foi, retrouvaille d’une vraie ‘communauté’, même si elle se compte en petit nombre, et cela sans les facilités d’une Eglise installée et reconnue... Ce ne sont que quelques questions parmi bien d’autres... L’actualité pousse à se poser celle-ci: faut-il se laisser influencer ? par les media, puisqu’ils nous envahissent maintenant ? par les ‘influenceurs’ puisque c’est un métier maintenant ? par les syndicats, puisqu’ils sont en demande de légitimité maintenant ? par les éructants politiques, puisque c’est leur manière de s’exprimer maintenant ? par les casseurs violents, puisqu’ils se croient le dernier recours maintenant ? Depuis mon ermitage, je me rappelle cette sage remarque de Saint-François-de-Sales: « Je n’ai jamais pu approuver la méthode de ceux qui pour réformer l’Homme commencent par l’extérieur, par les contenances, par les habits, par les cheveux. Il me semble au contraire, qu’il faut commencer par l’intérieur ... Le cœur étant la source des actions, elles sont telles qu’il est ». ... dans l’espérance de Pâques...
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Toodè n° 264
◊◊◊◊◊◊◊◊ Pierre Gizart
Un monde à réenchanter...suite…
« Pour les chrétiens, Pâques est une victoire de la vie sur la mort, le signe d’une espérance capable de réenchanter le monde. » (Dernier Toodé de Stéphane Raux) Réenchanter le monde n’est-ce pas ce que propose Jésus dans la « Bonne nouvelle qu’est l’Evangile ! ... »
« Un monde dans lequel nous vivons mais qui ne sait plus où il va, ni pour quoi il se bat, vu qu’il n’a plus d’horizon ou de repères, où le collectif se manifeste - c’est le cas de le dire- pour (sauve)garder des revendications en fait souvent très égoïstes. » (Dernier Toodé de Stéphane Raux)
Ce monde dans lequel nous vivons donne l’impression d’être dans une fuite en avant vers un horizon indéfini, une échappée de plus en plus rapide, où le temps de regarder en arrière ou sur les côtés ne se prend plus.
Un monde du chacun pour soi, sur la défensive, où chacun semble ne plus tenir compte de son environnement, de ses voisins et encore moins des étrangers… Un monde d’un surplus d’informations contradictoires, où la culture du débat met en avant des influenceurs qui pour faire de l’audience sont prêt à fabuler et médire !
Un monde où la violence semble la seule issue pour se faire entendre et imposer ses positions…
Comme détaillé dans le précèdent « toodé » l’actualité n’est pas avare d’exemples : les retraites, les grèves, la ressource en eau, le climat, le grand remplacement…
Et depuis plus d’un an une guerre en Europe nous montre un monde qui se réarme !
C‘est bien dans un monde désenchanté que nous vivons… nos contemporains semblent avoir peur de l’avenir, ils se sentent menacés par des catastrophes écologiques, les ondes, les vaccins, ce qu’ils trouvent dans leur assiette, la radioactivité etc… Réenchanter le monde ! Depuis quelque temps, le réenchantement s’est imposé dans tous les domaines de nos sociétés, ou presque : on appelle à réenchanter le pacte social, on affiche son intention de réenchanter la ville, on affirme avoir la solution pour réenchanter l’entreprise, mais aussi le voyage, les régions, le théâtre, la vie, réenchanter la vieillesse, et même « réenchanter la mort » écrit par Youki Vattier :« Votre mort sera, avec votre naissance, l’évènement le plus important de votre vie ! Autant donc ne pas en fuir l’idée. Mais au contraire, vous demander comment offrir à vos proches, le jour de votre enterrement, un moment intense, où la tristesse pourra côtoyer la beauté, la créativité, la communion des cœurs et, parfois même, la joie… ! » Réenchanter mais garder les pieds sur terre… Réenchanter peut être synonyme d’enchantement, de divination, d’ensorcellement, d’envoutement… la pratique des influenceurs peut s’apparenter à ces agissements. Et l’actualité pousse à se poser cette question : faut-il se laisser influencer ? Pour se laisser influencer ne faut-il pas manquer de convictions ?
« Se dire chrétien aujourd’hui est un sacré défi ! Mais c’est un motif d’espérance : appel à une conversion personnelle encore plus ferme, retour sur les fondamentaux de la foi, retrouvaille d’une vraie ‘communauté’, même si elle se compte en petit nombre, et cela sans les facilités d’une Eglise installée et reconnue... » *
Nos convictions sont inscrites dans nos professions de foi, et nous, Théotime, nous pourrions peut-être dépoussiérer nos vieilles partitions : « Chanson de paix », « construis la paix », « lève-toi » … Oserions-nous encore chanter ces paroles ?
Si nous nous sentons pris dans une fuite en avant de plus en plus frénétique, arrêtons-nous, prenons le temps de la réflexion, et reprenons la route d’un pas mieux assuré …. « Notre manière de nous précipiter, d’accélérer notre course, notre pas, ou nos déplacements ; nos gestes brusques ; notre réaction impulsive ; Tout cela nous éloigne de notre unité intérieure, nous conduit à ne pas laisser l’esprit et le cœur orienter de nos chemins de vie. Nous cachons mal notre angoisse de mort, ou encore notre volonté de tout maîtriser, en tendant à mettre une quantité innombrable d’actions dans un temps limité. Nous voulons mettre de l’infini dans du fini, et nous entretenons ainsi une frustration qui n’aura pas d’issue. Pourquoi vouloir aller de plus en plus vite d’un point à un autre, avec des trains à grande vitesse ou des avions supersoniques ? Aurions-nous oublié que le temps du voyage à une valeur en lui-même, et qu’ils souvent habité de mille richesses ? La lenteur c’est le rythme du marcheur, du montagnard, du pèlerin, du moine mendiant et itinérant, et finalement du penseur et du maître spirituel. Une certaine lenteur est indispensable au travail de l’esprit et de la mémoire. Alors si nous nous remettions à marcher lentement ? Si nous cessions de nous agiter pour avancer calmement et sereinement dans la direction que l’Esprit nous indique ? Il s’agit aussi de « trouver notre miel » dans un temps rythmé par l’écoute (de Dieu et des autres), le conseil, la synodalité… » (+ Jean-Marc EYCHENNE) Il faut presser le vin en l’une ou l’autre sorte de vendange ; mais il faut presser sans s’empresser, avoir du soin sans inquiétude. (Saint François de Sales) Dieu prend grand plaisir à vous voir faire vos petits pas et, comme un bon père qui tient son enfant par la main, il accommodera ses pas aux vôtres et se contentera de n’aller pas plus vite que vous. De quoi vous souciez-vous, pourvu qu’il soit avec vous et vous avec lui ? (Saint François de Sales) |