Toodè N° 37
◊◊◊◊◊◊◊◊◊
15 septembre 2003
◊◊◊◊◊◊◊◊◊
Rentrée automne 2003 …
Je ne rigole pas.
C’est la rentrée et déjà des luttes sociales
s’annoncent.
Je vais sans doute devoir choisir de faire grève
pour défendre les avantages acquis. Devrais-je dire mes privilèges ?
Je ne rigole pas, surtout que je viens de relire
le Toodé d’août 2003. La réponse est privilèges.
Je travaille mon salaire est correct, mes
conditions de travail sont bonnes, même si je me bats pour essayer de les
améliorer (actuellement, c’est plutôt pour qu’elles ne se dégradent pas), dans
10 ans je pourrai probablement percevoir une retraite satisfaisante, je possède
ma maison, j’ai Marianne pour épouse,
Matthieu et Clément comme enfants, une famille formidable, des amis
extraordinaires (parmi lesquels compte Théotime )... bref je suis heureux.
Mais je ne rigole pas, je suis privilégié.
Alors, si je veux partager avec les plus
défavorisés, il me faut renoncer à ce salaire correct, à ces conditions de
travail que beaucoup n’imaginent même pas.
Alors je ne rigole pas.
Ce n’est pas bien grave si je ne vais pas aux skis. Mon
ordinateur me permet d’écrire Toodé et de vous l’envoyer, il n’est pas
nécessaire de le renouveler. La voiture tiendra bien encore
Je ne rigole pas,
même si, je suis persuadé que nombreux seraient
prêts à abandonner leurs privilèges pour partager avec les plus pauvres.
Le problème est que, comme la plupart, je ne suis
pas convaincu que la renonciation aux avantages de nantis profite aux démunis.
Je ne parle pas d’un partage isolé, d’une action individuelle, privée, mais
d’un partage né de la répartition équitable des avantages concédés par notre
société de nantis.
Je ne rigole pas.
Aujourd’hui, notre société n’est pas prête à
partager, elle ne sait plus faire. Depuis quelques décennies, le terme de
solidarité à disparu de la réalité de cette société. A force de cultiver
l’individualisme, notre société a exclu l’usage de la solidarité. Pour nous
nantis, ”
être solidaire ”
est devenue une notion abstraite que nous appréhendons avec beaucoup de
difficultés, surtout que maintenant elle se décline à l’échelle planétaire.
Je parle de la solidarité qui coûte, pas du geste
symbolique qui donne bonne conscience aux yeux du monde enfin des favorisés.
Je ne rigole toujours pas.
Depuis longtemps, notre société, par ces
financiers, sait mondialiser l’économie et continue en ce sens, mais notre
société commence seulement à redécouvrir la solidarité et la découvrir au
niveau mondial : il lui faut apprendre le partage.
Comme les
enfants, qui ne savent que jouer côte à côte, et qui, à l’école maternelle,
apprennent à jouer ensemble, notre société apprend à partager. Je crains que
cet apprentissage ne soit long, surtout que solidarité, partage, équités ne
sont pas des matières inscrites dans les programmes officiels de notre société
où sont prônés l’élitisme, l’individualisme. Cet enseignement est dispensé par
des associations de plus en plus importantes mais encore trop marginales.
Là, je commence à rigoler.
J’espère que Stéphane me pardonnera de l’avoir
très mal plagié, mais son Toodé m’a interpellé et quelque part blessé (non pas
froissé mais atteint par ce pavé).
A la lecture de ce dernier Toodé, je n’ai pas
découvert que j’étais un nantis de privilèges, je le savais, mais je me suis
demandé comment, faire pour que mes actions revendicatives pour la sauvegarde
de mes privilèges corporatistes, nationaux,.. , profitent également aux
défavorisés de toute la planète. Comment faire également, pour que tous « les ”cerveaux ”
africains (et les autres) » acceptent de rester dans leur pays pour le
développer.
J’ai la tristesse de constater que je n’ai pas
encore de réponse.
Je ne rigole pas, mais là ce n’est plus de
l’humour..