Toodè N° 79
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15 mars 2007

Thierry Mollard
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Optimistes et pas résignés !

 

         Des rayons de soleil, ici et là, percent la neige. De l’étreinte glacée de l’hiver, de tendres pousses encore diaphanes se dégagent comme autant de promesses qui éclatent en fleurs de printemps,

« Profitez-en ! -nous crie-t-on- bientôt, vous ne verrez plus cela, les glaciers se retirent à la vitesse du réchauffement de la planète. » « Hum, ça jette un froid » disent les plus optimistes. « Pensez-vous, tout fout le camp ! »  répondent ceux qui n’ont que le mot catastrophes à la bouche. Le monde serait-il coupé en deux, droite-gauche, pour-contre, actifs dans le bruit du monde ou contemplatifs du « Grand Silence » ?

 

         A chaque printemps, avec le CCFD, toi le jeune des aumôneries et mouvements, avec des ainés… tu déploies des trésors de créativité pour que « Bouge la planète ! » Sans trop la brusquer tout de même ! Elle devient tellement fragile, nous ne le savons que trop, lorsque les émigrés sont chassés, que les gens du voyage soupçonnés, et lorsque le toit s’amenuise en une fine toile préservant juste un peu de chaleur dans le cœur des enfants de Don Quichotte !

 

         A la façon du CCFD et de bien d’autres manières encore un grand nombre se proposent comme des ‘bougeurs’ de planète ! Mais Dieu que c’est difficile !  Tenez, que l’on présente un parcours nouveau de catéchèse et il y a toujours quelqu’un pour freiner en criant « Stop, gadget ! »… Que Nicolas Hulot l’animateur de Ushuaia s’essaie à faire passer un message d’alerte environnemental, et voilà qu’on l’accuse de faire ‘beaucoup de bruit pour rien tout en prenant un espace médiatique précieux’.  Que l’Abbé Pierre à l’heure de sa mort soit à la une des medias et voilà que l’on se met à reprocher « l’émotion » qui gouverne le monde contre la raison et l’action ! Qu’une immense chaine de solidarité s’inscrive dans le pays sous forme de téléthon et voilà que certains dans l’Église sont tenter de tout jeter… « l’enfant avec l’eau du bain ». Qu’il est facile, du haut de ses certitudes de chercher les points faibles du geste qui s’essaie à devenir fraternel pour masquer son propre déficit, son abstention, son indifférence. Parler peut devenir oubli d’agir !

 

         Alors comment bouger ? Dans un pays où il n’y aurait plus ni droite ni gauche,  où il n’y aurait plus d’hiver, comment laisser le printemps délivrer son message tout en promesses et en germes ? Pâques sera-t-il alors relégué au musée des ‘belles histoires’ ?  Comment se laisser gagner par l’optimisme du Ressuscité, Celui qui nous précède sur les chemins de chez nous ?

 

         Seul un travail de discernement permet de parfaire le geste qui tend à redonner visage humain à l’homme cabossé, de passer de la nécessaire émotion à la motion et à l’action !  Nous voici alors invités à traverser notre monde, « la bible dans une main et le journal dans l’autre. » ([1] Ouvrons grand nos fenêtres à l’heure du printemps, pour être face aux événements : élections, gestes d’accueil au cœur de la cité, surprise du sacré au détour de la grisaille du quotidien, pain partagé sur la table des familles comme « gâterie de Dieu »…. Tous ces événements et ceux que vous rajouterez appellent notre réflexion sur la place de l’homme dans la société, sur une planète et dans un monde, une Eglise qui bougent ! Ils nous invitent, avec insistance, à nous dire: « Hé, qu’as-tu donc fait de ton frère ? »

         Que l’Église de Pâques soit un creuset de protestation sociale et d’espérance pour qu’un autre Royaume germe, grandisse et apporte le bonheur pour tous.    Thierry Mollard



 


 

[1] Karl Barth