Toodè N° 74
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15 octobre 2006

Marie Hélène L
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La prison, un lieu du monde, un lieu d’Eglise…   

 

On peut réduire la prison à quelques données chiffrées, on peut aussi la réduire aux questions et discours entendus de-ci de-là…

 

Comment faire pour être sûr d’éviter la récidive ?

Il faudrait augmenter les peines…

Mettre en place des bracelets électroniques mobiles.  Oui et alors ?

Ils ont bien mérité d’être là…

 

Au delà de ces chiffres, de ces questions, des hommes et des femmes qui sont hors du monde et pourtant qui appartiennent au monde, car ils auront un jour la chance de sortir. Ils sont partie prenante du monde mais aussi de l’église. Leurs contacts avec le monde et l’église sont variés à travers le personnel pénitentiaire mais aussi à travers les intervenants extérieurs : personnes engagées à l’aumônerie, dans l’école de la prison, dans la rédaction du journal de la prison, personnel médical et psychologique, personnel du service d’insertion et social…

 

Au sein de ces différents intervenants, la place de l’aumônerie peut être résumé par cette simple phrase[1] :

 

 

Des témoins : aumôniers, personne engagée à l’aumônerie, institutrice, et également des détenus ont accepté de partager ce qu’ils vivent. Mais d’abord, laissez-moi vous ouvrir cette découverte du monde carcéral par ces quelques mots d’un détenu qui disent la place des aumôniers :

 

« Ce que moi j’aurai envie de dire, des aumôniers au sein de la détention, c’est que leur présence est indispensable, puisqu’ils apportent à chaque visite un réconfort, une motivation, mais surtout une écoute.

La présence de certains aumôniers représente pour moi un moment d’échange, de convivialité que j’apprécie un peu comme un parloir. » 

 

Enfin, pour moi, participer à l’aumônerie de la prison, c’est être capable de poser sur tous ceux que je suis appelée à rencontrer, un regard qui ne juge pas, qui dit à l’autre qu’il ne se réduit pas à ses actes, qu’il est plus grand que ses actes. C’est aussi à la suite de François de Sales être capable de voir dans l’autre un être créé à l’image de Dieu.

 

Hé ! vrai Dieu, Théotime, quand nous voyons un prochain créé à l’image et semblance de Dieu, ne devrions-nous pas dire les uns aux autres: Tenez, voyez cette créature comme elle ressemble au Créateur? Ne devrions-nous pas nous jeter sur son visage, la caresser et pleurer d’amour pour elle? Ne devrions-nous pas lui donner mille et mille bénédictions? Et quoi donc, pour l’amour d’elle? Non certes; car nous ne savons pas si elle est digne d’amour ou de haine en elle-même. Et pourquoi donc, ô Théotime? Pour l’amour de Dieu, qui l’a formée à son image et semblance, et par conséquent rendue capable de participer à sa bonté, en la grâce et en la gloire; pour l’amour de Dieu, dis-je, de qui elle est, à qui elle est, par qui elle est, en qui elle est, pour qui elle est, et qu’elle lui ressemble d’une façon toute particulière. Et c’est pourquoi, non seulement le divin amour commande maintes fois l’amour du prochain, mais il le produit et répand lui-même dans le coeur humain, comme sa ressemblance et son image; puisque tout ainsi que L’homme est l’image de Dieu, de même l’amour sacré de l’homme envers l’homme est la vraie image de l’amour céleste de l’homme envers Dieu.

 

(François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu – Livre X ; Chapitre XI)

 

 



[1] Pour découvrir plus avant l’aumônerie des prisons, un site : http://prison.cef.fr/index.php