Toodè N° 49

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15 septembre 2004

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«  Ca y est la rentrée est fête !»

 

Vraiment une fête ce rituel de rentrée !

Les enfants petits et grands ont acheté le nouveau cartable.

Vous parlez d’une fête : un cauchemar, oui !

Un moment d’angoisse, car que choisir pour ne pas risquer les rires moqueurs des copains et des copines adeptes de la dernière mode ?

Et puis il y a ce risque  de voir l'écolier, le collégien se tasser, s'affaisser, guetté par je ne sais quelle scoliose, lordose, cyphose, (barrer les mentions inutiles !). 

Oui cette année, c’est sérieux, ces chères têtes blondes (et les autres !) vont avoir du travail ! D’ailleurs elles ne pourront plus aller au KT, vous comprenez mon Père ?

 

Oui que choisir: une valise à roulettes, (un petit « morveux » qui arrive à la maternelle avec son Sigikid Sacs Fips, ça en jette !), un cartaboy  ou un cartabird, (on n’a pas assez de mots en français pour rendre toutes les nuances !)  un cartable en bandoulière « Patan » pour les journées de cours chargées  (ceux là n’auront pas tant de temps libre car ils vont avoir des problèmes d’orthographe.) 

 

Le ministre, pour donner le bon exemple et signifier que lui aussi a fait « sa rentrée », - sans être parti très loin, car le gouvernement était mobilisé en cas de canicule-  a rappelé que la dictée et la récitation demeuraient des valeurs sûres ! Tiens voilà un ministre qui n’a pas envie de faire une réforme ; c’est plutôt une bonne nouvelle si toutefois il sait faire germer, du labour de l’année 2004 en débats et réflexions sur l’école, un avenir à l’Ecole de la République : faudra bien qu’il lève le voile !

Surtout que dans les commencements on a tendance à se redire des choses essentielles, quitte à prendre des résolutions incertaines, espérant voir germer ce qui a été ensemencé la saison d’avant !

 

Bref en tout cas les écoles, petites et grandes, ont bel et bien ouvertes leurs portes à nouveau. Même les très grandes, celles qui débutent par un week-end d’intégration, où les anciens potages ne sont plus promenées nus sous un sac poubelle, les cheveux dégoulinant d’une infâme mixture à l’œuf et à la farine… mais sont maintenant initiés aux us et coutumes de leur nouvelle école en même temps qu’on leur apprend à ramasser du fric pour…  l’Afrique et pour  leur soirée d’intégration-très-propre, sans violence, ni pétard, ni alcool, ni sexe…  De toute façon il y a des radars pour tout, , « zont ka s’tnir à carreau ! »   

 

L’Eglise en profite aussi pour parler fric en ce 25ième dimanche du temps ordinaire (pas si ordinaire que ça, c’est quand même la rentrée pour tellement de monde : même les terroristes ne sont pas en reste. Il y a juste les Américains qui ne veulent pas rentrer… chez eux !)   

Bref je disais que, oui, ce week-end nous avons parlé fric à l’Eglise. Faut dire que la poignée de chrétiens qui va à la messe pendant laquelle me disait, récemment un jeune, « je m’occupais –quand j’étais petit plus maintenant- lol ([1]) - à compter les crânes chauves pour passer le temps » n’a pas eu à gérer les frais de rentrée. Sauf peut-être pour améliorer le quotidien de leurs petits-enfants-étudiants en les gâtant d’une recharge téléphonique pour leur portable, d’une housse tout cuir pour leur Texas Instrument, ou d’un un CD pour le baladeur, indispensable compagnon de ses heures de solitude ! 

 

Bon alors on y vient … L’Evangile de ce 25ième dimanche du temps ordinaire nous dit « Heureux le riche qui s’est trouvé sans tache et qui ne court pas après Mammon » … C’est qui celui-là ? C’est de l’araméen…c’est l’Argent, la Richesse, personnifiée, avec une pointe soutenue de péjoratif !

Oui nul ne peut servir Dieu et Mammon ! Oui c’est facile à dire mais il reste que nous sommes sur un escalier qui mène vers nulle part ; vu l’irrégularité de ses marches la chute est assurée. Ne risque-t-on pas alors d’aller au chaos !

- Hé l’architecte ! Viens donc voir la « gueule » de ton escalier »… Ta première marche est  à 1.154,18 euros : un peu basse, pas de risque de trébucher mais bon c’est un SMIC !

 

La seconde tu l’a cotée à hauteur variable… ok je comprends, chacun sait ce qu’il gagne et fixera donc sa hauteur,  mais tu as pensé qu’elle pourrait être plus basse que la première ?   Faut savoir si tu nous fais un escalier qui monte ou un escalier qui descend !

 

Pour la troisième marche, en tout cas, il n’y a pas photo…  : 30 490 euros, houaaaaa, l’écart ! Oui je vois, tu t’es aligné sur le salaire moyen d’un joueur de ballon rond en première division !

 

Quant à la quatrième là c’est le vertige absolu ! C’est cosmétique, cosmique mais pas très comique : 470 000 € ! Là tu prends carrément le plus haut salaire en France ! Il faut faire quoi comme étude pour devenir PDG de L'Oréal ?

 

Bon ! Maintenat que je suis sur cet escalier je suis un peu coincé entre un désir de  ‘plus être’ ou de ‘mieux être’ et une tentation de  ‘plus avoir de plus pouvoir’ (ces deux mots sont liés par l’achat.)

Ah mais à quoi sert donc Mammon ? Quel est le bon usage de l’argent ?

Pensons-nous donc qu’il n’y aurait-il que de bons pauvres et de mauvais riches, et jamais de bons riches et de mauvais pauvres ? Cyrille d’Alexandrie, entre 380 et 444,  (après Jésus Christ bien sûr !) évêque et manifestement économiste (!) commente l’évangile de Luc : .

« Souvent les riches se figurent que leurs richesses leur ont été données pour en jouir, tandis que dans la pensée de Dieu, ils avaient été établis les économes des pauvres. Le mot d’économe veut dire celui qui distribue à chacun ce qui lui doit revenir. Et ils dissipent les biens du Maître quand ils les emploient à leurs plaisirs, à s’acheter des honneurs, oublieux de la parole de Dieu : « J’ouvrirai votre cœur pour votre frère »  

 

Economie… C’est curieux en voyant ce mot on se décompose à l’idée de devoir entendre des économistes à l’allure compliquée et rébarbative et on imagine des billets, des lingots d’or, des barils de pétrole… Mais on a plus de mal à voir dans l’économie, (oikos-nomos) une maison, notre maison : famille, Eglise, association, commune, nation…  et leur gouvernance leur administration, c’est à dire l’art d’y vivre en harmonie chacun selon ses besoins.

En rentrant d’Afrique, un jeune du groupe m’a dit, « On était parti avec la volonté de rencontrer, des gens, une culture… et on revient en ayant échangé ! »  Dans l’échange, donner et recevoir, se jouent, comme deux personnes qui se parlent et s’écoutent,  une réelle prise en compte de « la loi de la maison » alors tous les espoirs sont permis !

 

Allez bonne année à toutes et à tous ! Plein de courage… 

Mais n’en faites pas trop tout de même, car « ce n’est pas par la multiplicité de nos oeuvres que nous plaisons à Dieu, mais par l’amour avec lequel nous les faisons ! »  (SFS dans le dernier entretien !)

 

Thierry M …
au pied levé en remplacement du chroniquer qui n’a pas du revenir d’Espagne !

 

 

 



1 LOL. = Laughing Out Loud. « Mort de rire », ou si vous êtes franco-francophone: MDR