Toodè N° 43

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15 mars 2004

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Quel environnement pour demain ?

 

 

Durant quelques jours, nous avons beaucoup entendu parler de 2 insecticides "Gaucho" et "Régent TS" accusés de décimer les ruches et d'avoir un impact sur la santé humaine également pour le second. Mon propos n'est pas ici de défendre ces insecticides, même s’il y aurait beaucoup à dire et même si la biologiste, que je suis, a été interpellée par toutes les informations fausses, lues et entendues dans les médias et par la façon dont ceux-ci ont manipulé la réalité des faits.

 

Mon propos ici serait plutôt de me poser quelques questions sur notre façon de traiter notre environnement et sur quel environnement laisserons-nous demain ?

 

Il est, en effet, tout à fait temps de tirer la sonnette d'alarme sur nos pratiques agricoles et autres qui contribuent à la dégradation de notre environnement. Mais ces apiculteurs qui sont les 1ers à dénoncer les dérives de l'agriculture extensive ne devraient-ils pas également s'interroger leurs propres pratiques ?

 

Savons-nous toujours qu'à côté de l'apiculture traditionnelle, artisanale, il existe également une apiculture "industrielle" pour laquelle le rendement est le maître mot ? Ces apiculteurs pour une productivité plus élevée, un rendement à tout prix, ont importé des variétés d'abeilles de pays d'Europe de l'Est voire d'autres continents (Asie, Afrique ou Amérique du Sud). Ces abeilles moins bien adaptées connaissent une mortalité importante en raison du stress, de l'épuisement, des maladies. De plus, on a vu se développer chez les abeilles françaises des maladies appelées varroase, loque américaine, ainsi que certaines maladies virales qui n'existaient pas auparavant. Savons-nous toujours que ces abeilles sont traitées à l'aide de médicaments contre les diverses maladies qui les atteignent ? Oui, il est plus que temps de tirer la sonnette d'alarme si nous voulons un avenir pour les abeilles demain.

 

Depuis les années 1950, nous vivons dans un pays où la famine n'existe plus, où nous trouvons toujours des beaux fruits, des beaux légumes bien calibrés et sans défauts. Mais pour vaincre la famine, pour obtenir des cultures toujours plus rentables, pour développer les grandes cultures, nous avons eu recours de façon intensive à des pesticides. En effet, savons-nous toujours que pour protéger ces beaux fruits, ces beaux légumes, ces beaux champs de céréales contre les différents insectes et maladies, un nombre élevé de traitements sont nécessaires. Là aussi, il est plus que temps de tirer la sonnette d'alarme si nous voulons un avenir pour notre environnement demain.

 

Mais ne devrait-on pas également tirer la sonnette d'alarme pour dénoncer la pollution atmosphérique liée aux industries, aux gaz de voiture....? Comme les abeilles, nous souffrons de la dégradation de notre environnement. En effet, nous assistons depuis quelques années à une augmentation des cancers, des allergies diverses chez l'homme et à une explosion de nombre de nourrissons atteints de bronchiolite, affection liée à la pollution atmosphérique..

 

Nous ne sommes pas propriétaires de la terre, nous n'en sommes que les gestionnaires, alors comment préserver notre environnement pour demain ? Tous, nous avons un rôle à jouer dans la protection de notre environnement, mais sommes-nous prêts à être des acteurs ou voulons-nous continuer à être des spectateurs ? Bien sûr, face à l'agriculture intensive, face à l'industrialisation, nous pouvons penser que nous ne sommes que des gouttes d'eau dans un océan, pour reprendre cette image qui peut servir de justification à un "ne rien faire", mais même les gouttes d'eau ont un rôle à jouer. Je ne vous dirai pas comment chacun à notre niveau, nous pouvons avoir un impact sur la protection de notre environnement et comment notre exemple peut être contagieux pour les autres, car je suis sûre que vous avez tous assez d'imagination pour le faire sans moi.

Alors bon courage à ceux qui veulent être des protecteurs de l'environnement...

 

Et comme François de Sales, n'oublions pas que la nature est un des lieux privilégiés de la rencontre avec Dieu.

"J'ai rencontré Dieu parmi nos plus hautes et âpres montagnes,  où beaucoup de simples âmes le chérissaient  et adoraient en toute vérité et sincérité; et les chevreuils et chamois  couraient çà et là  parmi les effroyables glaces pour annoncer ses  louanges. Il est vrai que faute de dévotion, je n'entendais que quelques mots de leur langage, mais il me semblait bien qu'ils me disaient de belles choses."  XIX- 199

 

Marie-Hélène L.