Toodè N° 52

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15 décembre 2004

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C’est là que je découvre …

 

 

“Préparons nous à accueillir Jésus dans nos maisons (intérieures) répète-t-on au caté ! ”

 

Se préparer à accueillir la Parole fait chair dans notre quotidien, c’est peut être se laisser ouvrir les yeux, ouvrir les oreilles, ouvrir le cœur… se laisser façonner par ceux que nous rencontrons….

 

Cette année je découvre la joie des visites aux familles…. Passer de maison en maison….

 

Tout d’abord, il faut trouver le bon numéro de rue, pas si simple dans certains ensembles ou nouveaux quartiers… J’y découvre l’errance, parfois guère rassurée, étroitement surveillée par le regard des jeunes squattant là.  Ensuite, il faut déchiffrer dans la pénombre des noms notés sur des bouts de papiers collés aux boîtes aux lettres, boîte aux multiples noms, trace de recompositions familiales diverses…. J’y découvre la discrétion. Puis enfin (plus ou moins rapidement suivant l’état de l’ascenseur) pousser une porte !

 

Parfois je reste sur le palier, quelques nouvelles et informations seront échangées, là, debout, et je repartirai sans violation de domicile… J’y découvre le respect.

Souvent, la porte s’ouvre et une invitation à pénétrer dans l’intimité des familles m’est offerte avec un sourire… Là, un autre décor m’attend, une autre ambiance… Ces familles sont souvent si différentes à l’extérieure et chez elles… Peut-être l’importance de l’apparence, du quand dira –t-on !  J’y découvre l’aventure de me laisser surprendre !

 

Un jus de fruit aide l’échange, chacun peut se dire… Les enfants jouent, rient, crient, m’interpellent, demandent mon attention. Le parent me rappelle que je suis aussi venu l’écouter. D’ailleurs la vérité de ce qu’il souhaite me partager, se cache derrière les premières phrases, il teste, il cherche à savoir jusqu’où peut-il me faire confiance… J’y découvre la patience ! La patience d’attendre que chacun prenne ses repères, que les difficultés du quotidien puissent s’exprimer :

 

            Je pense à vous, Mme P, seule avec vos enfants… Vous étiez tombée, évanouie, quelques jours avant ma visite. Restée sur le sol de longs instants, sans aucune réaction de vos enfants. Vos enfants à qui vous donner tout votre amour, pour qui vous travaillez dur, vos seuls espoirs ! Quelle déception, ils n’ont pas compris que vous étiez en danger. Vous avez pris conscience que votre vie était si fragile ! Et pourtant vous parlez de libération, mais quelle était donc votre vie avant ? Vous m’avez appris le silence !

           

Je pense à toi N, qui n’a pu m’offrir un siège qu’après m’avoir livré ton chemin de recommençante… l’accident, la personne décédée, le procès, la culpabilité… et cette force intérieure qui pousse doucement vers la Vie !  Tu me fais découvrir comment l’Esprit travaille en chacun, comment se laisser travailler du dedans comme tu dis….

           

Je pense à toi M, ta vie meurtrie par la violence conjugale… Ta découverte de la dignité et malgré la peur, oser porter plainte pour que cela cesse… Tu m’apprends le courage !

 

            Je pense à…  Les exemples sont si nombreux… A chaque fois, une expérience particulière et pourtant un grand besoin commun : c’est lorsque les vies ont pu se dire que le cœur plus léger, nous pouvons nous ouvrir ensemble à la joie de la venue du sauveur déjà si présent dans vos cœurs.

 

            C’est chacun(e) de vous qui, en ce temps de l’Avent, m’apprenez à me tourner vers le Père, pour lui confier vos vies, nos vies, la vie du mondeMais  est-ce vraiment moi qui vous écoute ?  Vous m’apprenez l’humilité ! Alors merci pour ce bonheur que vous m’offrez…

 

MHJ