Toodè N° 34
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15 juin  2003

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Le cri : appel à la vie !

Lorsque l’enfant paraît, son cri, comme les trois coups, ouvrent le rideau du théâtre, son cri découvre une nouvelle étendue de vie.  L’enfant n’aura pas besoin de souffleur, petit à petit,  il saura ciseler, transformer, ajuster son cri primordial en une variété de nuances et d’humeur que la vie lui inspirera !

Le cri appelle la vie !

Nous n’imaginons pas un peuple de silencieux, sans souffle, sans cris ni chuchotements !

Même les dictateurs n’arrivent pas à museler la volonté féroce de dire, hurler ou bredouiller… Lorsque hier dans un stade à l’heure où le jeu devient sinistre, les « arbitres » pointant leur fusil sur les prisonniers amassés, Jara, n’avait qu’une guitare pour dire les mots. Alors on lui a coupé les doigts. Les mains en sang il se leva dans le stade et son chant que les mitraillettes eurent tôt fait d’interrompre crie encore liberté !

Le cri c’est le geste du citoyen qui appelle au secours !

Les accrocs du cri …

Cric-crac ! Voilà les politiques qui entrent en scène, leur mécanique électoraliste  joue la promesse si vite oublié ! Mensonge !

 

Criailleries de présidents : déclarant la guerre préventive à cause d’armes à destruction massive…  Mensonge !

Certains « crisent » … préventivement dénonçant le scandale de leur propre exclusion : Mensonge ! 

La monopolisation de la parole qui cache trop souvent une peur de l’autre ou des intentions non avouables… fait elle-même œuvre d’exclusion !

 

« Que votre langage soit doux, franc, sincère, rond, naïf et fidèle. Gardez-vous des duplicités, artifices et feintises ; bien qu'il ne soit pas bon de dire toujours toutes sortes de vérités, il n’est néanmoins jamais permis de contrevenir à la vérité. »

… Le Saint Esprit n'habite point en un esprit feint et double. »  François de Sales (IVD ch XXX)

 

Le cri des accros de la vie !

Ce n’est pas toujours la modulation de la voix qui exprime la révolte face à l’injustice, les hourras de la victoire, la rage de vivre ! Des images crient une vérité de vie ! Qui n’a pas en mémoire l’image de cet homme, place de Tien Anmen, seul debout arrêtant un char ?

Les tags sur les murs de nos cités transpirent  souvent le mal vivre !

Des artistes provoquent, détournent, des images quotidiennes pour attirer le regard habitué et blasé des citoyens et les éveiller à la vie !

 

Sur les collines, au sommet d’une montagne, au détour d’un chemin, une croix crie une passion d’Amour et de Vie, une Parole jamais anéantie, un commencement toujours possible.

Des prophètes, professionnels du cri, se lèvent encore là où le silence risque d’engloutir l’avenir ! Un jour, parce qu’un homme vivait avec convictions, et parfois en turbulence, on a voulu me faire croire qu’il était « trop prophète ». Notre monde saurait-il se passer de ces porte-parole qui entretiennent une chance d’aimer ?

C’est vrai, que le prophète est éconduit, qu’il est conduit aux abords des pentes abruptes pour y être précipiter ! 

 

L’homme n’a pas droit à la parole, mais un devoir de Parole : son cri, exprime un désir de vivre avec d’autres. Une volonté de construire une cité où liberté et fraternité ne soient pas de vains mots.

 

« Il faut que je vous apprenne à parler latin : « sussuratio »  veut dire un gazouillement, un petit bruit ou murmure que font les petits ruisseaux dans lesquels il y a des pierres qui faisant flotter et ondoyer les eaux les empêchent de couler sans bruit. » SFS VI-356

Thierry MOLLARD