Toodè N° 20
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15 avril  2002

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Jérusalem symbole d'un avenir partagé?

 

Lorsque François de Sales très jeune encore quitta sa Savoie natale pour aller en France, à Paris y faire des études, il est fortement marqué  par les traces des guerres de religion qui ruinent la beauté des paysages et de la vie!  Comment est-ce possible de commettre tant d'iniquité et de violence au nom d'un même Dieu ?

 

Avec Pâques voici que nous venons de passer une semaine à Jérusalem…

suivant pas à pas les derniers moments du chemin de Passion du Nazaréen.

Une semaine complète, méditant, les trois grands matins de l'humanité

Création, Avènement du prince de la Paix, et Matin de Résurrection.

Et pendant ce temps-là … les attentats se succèdent avec leur litanie de morts.

Non, s'alternent attentats et actions de destructions, d'envahissement  et de siège de Tshal … Pire des bruits de charnier circulent…

 

Les protagonistes en prenant les nations à témoins disent : "Monsieur, monsieur… c'est lui qui a commencé !" Et le maître de l'axe du bien et du mal dit "comprendre parfaitement la nécessité de se défendre"… pourquoi pas, si cette sentence s'applique à chacun.

On se croirait dans la cour de récré. des petits…seul problème ce n'est vraiment pas une cour de récré, ni un jeu et cela ne fait par rire du tout !

 

Alors voilà combien de temps encore… 'jouer' avec les "maux"…   

Une guerre qui ne résout rien mais qui augmente la douleur et la souffrance

Car c'est bien de cela dont il s'agit à ces jours où "La Terre Sainte est précipitée une nouvelle fois, dans l'horreur et le désespoir" (J. Paul II)

 

Alors jusques à quand roquettes contre pierres

Ceintures d'explosifs contre balles dans la tête ?

"Jusques à quand va-t-on humilié mon peuple" dit le psalmiste !

 

"Jusques à quand mettrai-je en mon âme la révolte,

en mon cœur le chagrin, de jour et de nuit ?

Jusques à quand mon adversaire aura-t-il le dessus ? Psaume 13.3

"J'écoute. Que dit Dieu ? Ce que dit Dieu c'est la paix pour son peuple et ses amis pourvu qu'ils ne reviennent à leur folie…  Psaume 85.9

 

A ce " Jusques à quand"  exaspérant,  lancinant,

Le 24 janvier 2002 les quelques 200 pèlerins de paix à Assise ont manifesté  leur foi  … qu' "on ne dissipe pas les ténèbres avec les armes" mais "qu'on éloigne les ténèbres en allumant des sources de lumière."

Ensemble et chacun selon sa foi, ils ont fait signe !

"Plus jamais de violence, plus jamais de guerre, plus jamais de terrorisme"

Jean Paul II de poursuivre : "L'histoire a connu et continue de connaître des hommes et des femmes qui, précisément en tant que croyants, se sont distingués comme témoins de paix."

 

En attendant on ne joue pas impunément avec la dignité des hommes,

en l'humiliant. (Et c'est toujours la plus fort qui humilie… lui seul en a les moyens.)

Injustice, vexations et humiliations distillées goutte à goutte relèvent du supplice…

Chacune tombe et détruit chaque fois un peu d'humanité, et lorsque l'homme n'est plus un homme il n'est plus rien et part en fumée: Buchenwald, Dachau, Mauthausen ou bien il devient déraisonné, bestial et cruel et sa révolte sera sans fin comme l'Hydre ce serpent aux sept têtes qui repoussent, en se multipliant au fur et à mesure qu’on les coupe.

Israël, peuple de la mémoire, souviens-toi,  toi qui a eu l'épreuve trop cruelle de méditer la souffrance injuste de la déportation et de la "solution finale" … Sauras-tu faire les gestes qui conviennent pour que tes voisins aient un bout de terre pour cultiver une rose ?

La lettre ouverte à Ariel Sharon de Théo Klein avocat, président d’honneur du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en automne dernier est passée inaperçue: pourtant  !

" Comment, nous qui avons appris par la douleur et la souffrance à survivre contre la force brutale, aurions-nous oublié qu’un peuple ne se courbe jamais sans avoir combattu ? Vous, qui vous réclamez si fortement de la tradition juive, souvenez-vous des paroles de nos prophètes : « Car ce n’est pas la force qui fait le vainqueur », disait Samuel, alors que, quelques siècles plus tard, Zacharie proclamait : « Ni par la force ni par l’armée mais par l’esprit... »

… Jérusalem, vers laquelle nous n’avons jamais cessé de tourner nos regards et notre nostalgie, doit devenir le symbole d’un avenir partagé. Il faut arrêter cette confrontation aveugle et nourrie de sang, de douleurs et de haines. "

Aujourd’hui, vous portez volontairement sur vos seules épaules la responsabilité  suprême. Votre problème n’est pas de mesurer la crédibilité du chef des Palestiniens - c’est leur affaire. Votre devoir est de leur offrir, d’égal à égal, l’ouverture d’une ère nouvelle, celle où chacun des deux peuples, dans les frontières de son Etat, puisse vivre et se développer. L’honneur d’Israël dont vous avez la charge doit être d’offrir la paix sans la soumettre ni l’abandonner au bon vouloir des extrémistes. Et le terrorisme, me direz-vous ? Il ne peut être combattu, vous le savez, qu’à l’intérieur de chaque peuple - dès lors que celui-ci ne peut plus le considérer comme une forme de combat. Si le peuple le soutient, le terroriste devient un combattant.

 

Et le terrorisme même si une désespérance certaine peut l'expliquer n'est pas mieux d'où qu'il vienne. D'où qu'il vienne, et quelque soit ses formes : je veux dire par là que se taire, fermer les yeux, renoncer à un droit d'ingérence "humaniste", oublier… demeurent une forme de terrorisme de nos sociétés nanties, que les corporatistes ou "communautaristes" de toute nature renforcent en réclamant du mieux être pour eux-mêmes ou le maintien des privilèges au risque de chantage à la destruction et à la mort … A cette heure le monde ne s'en sortira que si ceux qui possèdent, détiennent, accumulent, jouissent,  partagent réellement une part de leur richesse…

Autant que je sache l'entrée en terre promise ne résulte pas d'un héritage qui donne quelque droit que ce soit: la terre demeure don de Dieu à l'Homme comme depuis l'origine, le respect de cet héritage oblige à prolonger le don de Dieu et nécessairement partager la terre entre tous ..

D'autre part d'une manière encore plus claire l'installation en terre promise ne relève pas d'un calcul de droits, ni n'est lié à quelques droits antérieurs mais se réalise sur ordre de Dieu par tirage au sort ! Nombres 34:1, 13…

 

            En ce temps de Pâques en criant encore Christ est Ressuscité, je sais que la joie n'est pas plénière, que l'amertume demeure. Et je repense à ces mots qui débutent un diaporama écrit au retour d'un camp hors frontières:

 

" Dans l'avion qui nous ramène en France nous apprenons que les Palestiniens allaient enfin avoir une terre! Alors que naissait enfin l'espoir de voir vivre en Paix Israéliens et Palestiniens, nous pensions fortement à tous nos nouveaux amis du Brésil qui eux aussi se battent pour avoir un bout de terre pour vivre. Brésil. Septembre 1993. "

 

Un voyage pèlerinage m'attend en Israël, je le sais, il m'est offert et promis par des proches depuis longtemps … en définitive je ne pense pas que se réalisera ce rêve avant que ce pays de Jésus soit une terre de tolérance et de paix, les uns faisant pousser des lys dans les champs et les autres cultivant des roses !

 

Thierry Mollard osfs.