Toodè N° 13
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15 septembre 2001

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Toodé 15/O9/01

 

Les vacances ne sont pas encore histoire très ancienne, mais déjà la rentrée est là avec son lot de difficultés.

J'aurais voulu que mon propos soit plus léger mais les événements en ont décidé autrement et j'ai donc décidé de vous parler d'un sujet que j'appellerai "Chronique d'un plan social annoncé". Propos courant dans nos quotidiens depuis quelques mois, me direz-vous: AOM-Air-Liberté, Marks & Spencer, Moulinex… mais propos terriblement d'actualité dans la société pour laquelle je travaille.

 

Tout commence bien sûr par des  "bruits de couloir" , car il existe en France des procédures administratives qui imposent aux sociétés de consulter  d'abord les partenaires sociaux et de mettre en route toute une procédure avant d'être autorisées à communiquer cette nouvelle aux employés. Alors les rumeurs commencent à se propager et à s'amplifier: rumeurs basées sur peu d'informations concrètes, mais tellement  destructrices.

On assiste alors à une démotivation massive, à une morosité générale, chacun se posant la question de savoir s'il sera touché. Avec l'annonce officielle de la nouvelle et la démonstration de la "nécessité" de procéder à cette restructuration, viennent d'abord les sentiments d'injustice: pourquoi devons-nous payer pour les mauvaises décisions et la mauvaise gestion de certains cadres dirigeants qui ont laissé une situation déplorable avant de quitter l'entreprise. Puis l'angoisse grandit encore car tout le monde sait maintenant combien de postes seront supprimés dans son service sans pour autant savoir qui en fera les frais…

Les suppositions vont bon train :

-         Y aura-t-il des mesures d'âge possibles ?

-         Quels seront les critères de licenciement ?

-         Comment allons-nous faire face au surplus de travail ? … etc.

 

La procédure suit toujours son cours tranquille et tout le monde essaie de profiter des vacances pour se détendre tout en sachant que la rentrée sera difficile.

 

La procédure arrive dans sa phase finale et les noms des personnes partantes sont enfin connues. Hé1as, la raison économique est rarement la raison humaine: alors se ne sont pas forcément les personnes qui voudraient  et pourraient partir en raison de leur âge qui s'en vont, mais d'autres plus jeunes, dont le départ ne mettra pas encore plus en péril la santé économique de la société. Quelle injustice entre les situations personnelles des uns et des autres : y a-t-il une comparaison possible entre ce jeune cadre commercial de 29 ans, nanti de diplômes et ayant acquis quelques années d'expérience qui part, sûr qu'il retrouvera du travail rapidement et ce père de famille de 45ans, maghrébin, n'ayant pour tout diplôme que son certificat d'étude et une expérience acquise sur le terrain qui sait, que le marché de l'emploi, il part avec un handicap?

Comment peut-on parler de licenciement selon des critères sociaux ? Dans cette situation, comment accepter de voir partir les autres, alors que nous n'avons pas plus mérité de conserver notre poste qu'eux n'ont mérité de perdre le leur ?

 

Les mots importent peu: "plan social, restructuration, licenciement économique", c'est toujours le même scénario où des gens se retrouvent du jour au lendemain "licenciés".   

 

Pour ceux qui partent c'est l'angoisse du lendemain, le spectre du chômage bien sûr, même si une aide de retour à l'emploi a été mise en place. 

Pour ceux qui restent, il faut  continuer à faire son travail le mieux possible car notre avenir mais aussi celui de nos collègues en dépend,  avec en suspens cette terrible question: si les résultats attendus ne sont atteints, qu'en sera‑t‑il pour nous demain ?

 

Il serait utopique de prôner une conservation à tout prix des emplois car cela mettrait en péril l'avenir de toute la société. Mais face à cette vague de plans sociaux comment mettre à la première place, l'homme et non pas uniquement le profit  des entreprises? Comment permettre à tout homme de trouver sa place dans l'économie de notre pays , Comment faire pour que chacun ait droit à sa part de‑ travail ?

Le défi du 21ième siècle … il est également là et nous ne pouvons pas passer à côté.

 

Marie Hèlène L.