La Parole est à ... Thierry
 
François de Sales
se fait connaître par ses amis.

Chaque année à Annecy
La semaine Salésienne
à la Visitation
nos fait progresser dans l'attachement à François de Sales
et Jeanne de Chantal
 
Cette année un Théotime
à contribuer à cette démarche
en proposant
l'une des prédications  proposées  au fil de la semaine d'été.
 

... nous vous l'a proposons ici
sous deux formes :
 
-  en
texte ci contre
 
- en enregistrement
 
réalisé et diffusé par
RFC Annecy
fichier mp3
 
 
 
Ce passage de l’Evangile aurait pu nous baigner de douceur et de simplicité !
Jésus l’enfant du pays est venu chez les siens:
simplement il se leva pour faire la lecture et son message de grâce suscite admiration et étonnement !

Ils auraient bien voulu le retenir à une garden-partie dans la cour de la synagogue ou sur la place du village … rien que pour eux, pour qu’il accomplisse ici des prodiges, les mêmes qu’à Capharnaüm ! On les comprend !

 Mais Jésus ne se laisse pas enfermer sur nos places fortes ni dans le pré-carré de nos Eglises!
Sa bonne nouvelle est destinée à courir le monde, franchir les frontières, vers l’étranger, l’exclu, jusqu’à l’extrémité de la terre… Parce qu’il est prophète, Jésus est poussé hors la ville, au bord de la falaise. Ce jour là il en réchappera.
Au pays de François de Sales nous nous méfions des  falaises escarpées même si nous chérissons nos montagnes !
Douceur et de simplicité sont un peu comme l’améthyste précieuse qui apparaît au cœur de la géode une fois brisée la pierre à l’apparence extérieure banale.
Douceur et l’humilité en définitive semble peu convenir à notre monde violent jugé corrompu et méprisable... Il n’y a guère que l’Evangile, la parole de Jésus aimant le monde et les hommes, tranchant comme le glaive qui ouvre le chemin, la vie et la vérité nue, loin du velouté et de la docilité !
Et nous n’aimons pas être bercés d’histoires mensongères, nous préférons l’histoire vraie sans  langue de bois. Toute vérité est-elle bonne à dire ?  F. de Sales nous met en garde: la parole de vérité peut faire tellement de  mal !
« Toute vérité qui n'est pas charitable, vient d'une charité qui n'est pas véritable! »
Ce qui compte pour  l’esprit salésien, c’est la juste mesure, celle du cœur humain !
« Je n'ai encore vu personne –poursuit-il- qui se soit mal trouvé de dire du bien du prochain. »
Autrement dit,  s’entraîner à parler bien de son frère est plus important que d’asséner la vérité !
Si une vérité risque de blesser il nous suggère de « s'en défaire, se l'ôter de l’esprit et n'en point parler » 
Il nous décrit cet artiste peignant une personne qui avait perdu un œil, dans le portrait il en avait masqué ce défaut.
Les gens disaient : « Mais où est donc l'autre œil ? »  Il  répondait :
« Mais vous, mes amis, où est le votre ? Qu'ai-je à faire de reproduire un défaut en ma peinture, si je peux le couvrir sans offenser personne ? »  « Toute la beauté de l'âme est dans son amour envers le prochain. »

Avec débauche F. de Sales utilise le mot «amour» qui nourrit autant l’espace du prochain que celui du divin.
« Sa manière de regarder est amour et respect. » Opuscule
Respecter l’autre consiste à le regarder, le considérer,  puis de retourner la tête encore pour le regarder une seconde fois … avant toute parole, toute action, toute vérité.
Tout le contraire de la colère et passion des amis de la synagogue qui s’en prennent à Jésus « Mais lui, -dit l’Evangéliste-passant au milieu d'eux, allait son chemin ! »

F de Sales a du beaucoup méditer cette non-violence, en tout cas il a eu mainte fois l’occasion de passer et d’aller !
Combien de ragots et médisances ses détracteurs ont-ils fait courir sur lui ?
- on le soupçonna d’être impliqué dans la bastonnade du bois de Sonnaz, sur le jeune et brillant sieur Berthelot !
- on fit circuler dans Annecy une lettre anonyme l’accusant de prostitution … et on lui chercha querelles pour bien d’autres motifs encore … chaque fois, on venait jusqu’à la porte de l’évêché, menacer avec pistolets et épées, crier des chansons paillardes, et jeter boue et excréments. Il est même arrivé d’amener une meute de chiens que l’on faisait hurler à la mort afin d’empêcher le sommeil. 
«Fermez les portes -disait F de Sales- laissez passer l’excès de colère. Laissez clabauder l’ennemi à la porte ! Et quand au parloir de la Visitation par hasard il rencontra un de ses détracteurs il lui sauta au cou… pour l’embrasser affectueusement  comme  si rien ne s’était jamais passé ! Même Jeanne de Chantal lui reprochera de trop se laisser faire ! Imperturbable, il répondait « qu’il n’avait nullement l’intention de perdre en quelques instants de colère  le peu de douceur acquise à grand prix durant des années ! »  Il se connaissait cet homme !

« Je suis un chétif homme sujet  à la passion véritable ! » disait-il de lui-même.
Savoyard, affable et doux, il est aussi capable des pires colères, comme l’eau cristalline des torrents qui un jour égaie la pente de la montagne et un autre la ravage !

Passant au milieu d'eux, il  allait son chemin. Il faut ‘tirer chemin’ résumait F de Sales, devenir doux et humble de cœur passe par le combat et la maitrise de soi.

«Tirer chemin»:l’expression convient si peu à la douce et bucolique balade dans les alpages au jour d’été !
«Tirer chemin» exige un effort incessant dans la traversée de la haute mer du monde.
«Tirer chemin» mobilise l’énergie à rechercher le sens de la marche dans ce monde chahuté et contradictoire,
«Tirer chemin» en la pente abrupte des montagnes donne accès à un des derniers espaces préservés, uniques.
« Tirer chemin» permet de voir « merveilles en ces lieux-là» : grandeur de l’homme et saveur sublime de Dieu.
Dans les fatigues des montées et des descentes, en un unique mouvement l’humain et le divin s’allient !
Regardez comme les cascades, elles forcent la contemplation de cette tension entre tumulte et embrun, fermeté et souplesse, grâce et liberté: étonnante intensité où s’allient ciel et terre, fardeau et repos ... Homme et Dieu.
Mais comment vivre en notre monde entre force et douceur ?
Soyons réaliste dit F de Sales « Quoique nous fassions, - le monde nous fera toujours la guerre : … Il épiera tous nos mouvements, et pour une seule petite parole de colère, il protestera que vous êtes insupportables ; (….) il dira que votre douceur n’est que niaiserie … IVD Chapitre1

C’est ainsi que les doux sont traités de faibles et que les forts sont jugés arrogants. Une fois encore F de Sale nous replace dans « l’entre deux » de  la vie: en cette rencontre des opposés, entre action et repos, entre lutte et contemplation.
« Que celui qui ne veut rien entendre crie tant qu’il voudra comme le chat-huant inquiète les oiseaux du jour. Mais nous soyons fermes en nos desseins, invariables en nos résolutions… »
« Croyez-moi: comme les remontrances d’un père faites doucement et cordialement, ont bien plus de pouvoir sur un enfant pour le corriger que les colères et courroux » (IVD III  9)
Sommes-nous déterminés à traverser la vie, forts de douceur et souples d’une étonnante robustesse.
François de Sales, décrit la douceur comme « repos », abandon bienheureux en Jésus-Christ, la Source. Sa façon d’annoncer l’Evangile est d’abord communion à ce Dieu du cœur humain, source de la joie ! Il nous fait réentendre encore le Christ, vivante Parole de Dieu, il nous somme de venir à Lui, (…)  Non pas de revenir à Lui, ce qui insiste trop sur regret et souffrance, et souligne plus le péché que la miséricorde. Il nous somme de venir à lui avec la force des commencements comme si c’était la 1ière fois, le 1ier pas et 1ier émoi.
Le doux et humble de cœur salésien s’enracine dans l’Evangile et  les Béatitudes.
« Heureux les plus pauvres, les plus petits, les doux qui ont un cœur à découvert » la terre leur appartient ! Les doux «anawin» sont les ‘courbés’ devant Dieu. Ils sont interpellés par un vigoureux ‘En marche les humbles !’
Le doux ne s’emporte pas devant les contradictions de la vie.
Il laisse la colère et calme sa fièvre : il a cette patience qui lui donne de savoir attendre pour être comblé. Le doux ne cherche pas à faire violence à Dieu, ni à lui arracher ce qu’il est incapable d’obtenir de lui-même. Le doux a ce courage sans violence, cette force paisible,  ce respect accueillant. Il a la force d’âme qui accepte de rentrer dans le temps de Dieu et dans sa manière. Amen

  Visitation d’Annecy
vendredi 29 août 2008

Semaine Salésienne

 
 

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 4, 16-50)
Jésus vint à Nazareth, où il avait grandi.
Comme il en avait l’habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
L'Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction.
Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres,
et aux aveugles qu'ils verront la lumière,
apporter aux opprimés la libération,
annoncer une année de bienfaits
accordée par le Seigneur.

Jésus referma le livre, le rendit au servant et s'assit.
Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
 Alors il se mit à leur dire :
« Cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. »
 Tous lui rendaient témoignage ; et ils s'étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche.
Ils se demandaient : « N'est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Mais il leur dit :
" Sûrement vous allez me citer le dicton : 'Médecin, guéris-toi toi-même. Nous avons appris tout ce qui s'est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton pays !' "
 Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète n'est bien accueilli dans son pays.
En toute vérité, je vous le déclare : Au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
 pourtant Élie n'a été envoyé vers aucune d'entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon.
Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d'eux n'a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien. »
A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux.
Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu'à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas.
 Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin.